aris on Sat, 18 May 2002 08:39:07 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] L'Empire et le controle de l'Internet (1) |
Loin des capitales, le G8 se mobilise pour traquer les communications Mont-Tremblant, à une centaine de kilomètres sur les hauteurs de Montréal au Québec, met en avant ses pistes de snow-board, ses huit superbes parcours de golf et son «télécabine panoramique»... C'est aussi pour son caractère de station retranchée que cette petite bourgade canadienne a été choisie par les membres du G8, le club des pays les plus puissants de la planète, pour réunir les 13 et 14mai leurs ministres de l'Intérieur et de la Justice. Cela aurait pu être l'occasion d'un baptême du feu diplomatique pour MM. Sarkozy et Perben, nommés respectivement ministre de «l'Intérieur et de la sécurité intérieure» et garde des Sceaux dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Mais lundi et mardi dernier, ils ont dû se faire représenter à Mont-Tremblant par des hauts fonctionnaires, comme nous l'a confirmé l'un des ministère concerné. Les principes démocratiques sont en jeu Derrière l'anecdote de calendrier, se profile une subtile guerre d'influence touchant aux moyens de télécommunications. Il est question de surveillance préventive des informations de connexion (voix ou données) que laisse tout usager sur le moindre réseau de communication (fixe ou mobile). Un débat rélancé par les attentats du 11 septembre aux États-Unis: les responsables internationaux de la police et de la sécurité insistent sur la nécessité de collecter à l'avance (avant toute constatation d'infraction) tous les "logs" de connexion d'un abonné, afin de pouvoir retracer plus tard ses agissements. Question cruciale, puisque la présomption d'innocence et les valeurs démocratiques exigent logiquement que ce type de surveillance exploratoire a priori soit proscrite. Dans leur compte rendu public diffusé cette semaine à l'issue de leur réunion de Mont-Tremblant, les ministres du G8 se déclarent «très heureux» d'approuver un document en gestation depuis 1999: «Recommandations sur le dépistage des communications électroniques transfrontalières dans le cadre des enquêtes sur les activités criminelles et terroristes» (document html en français). Avec pour objectif d'aider «nos organismes de police et de sécurité nationale à localiser et identifier rapidement les criminels et les terroristes qui se servent des réseaux de communication internationaux à des fins illicites». Retrouver la trace de toute communication... «Les événements tragiques du 11 septembre 2001 ont rendu ce travail encore plus urgent», notent les ministres en préambule. «Les terroristes peuvent utiliser le courriel, les sites internet, les téléphones portables et d'autres technologies de communication en développement, afin de faire des plans et de transférer l'information sur plusieurs continents de façon à les rendre difficiles, sinon impossibles, à dépister. On ne doit pas permettre aux terroristes de tirer profit de la modernisation et de la mondialisation des communications.» S'ensuit dix mesures concrètes pour y parvenir. Pour être en mesure de dépister les communications, «il est impératif de disposer de données d'achalandage», c'est-à-dire les fameux "logs" reconstituant le parcours d'une personne sur les réseaux. Il faut donc «assurer la préservation expéditive des données d'achalandage existantes relatives à une communication particulière, qu'elles aient été transmises par un ou plusieurs fournisseurs de services, ainsi que la divulgation rapide d'une quantité suffisante de données d'achalandage pour permettre l'identification des fournisseurs de services et du chemin par lequel la communication a été transmise, à la suite de l'exécution d'un ordre judiciaire ou autre national que la loi intérieure permet.» Plus loin, un autre point recommande de «promouvoir une architecture de réseau qui améliore la sécurité et permette, dans les cas appropriés, de dépister les usages abusifs du réseau tout en tenant compte de la vie privée de ses utilisateurs». Une liste exhaustive pour traquer le trafic internet Un autre document dresse une liste de données techniques à prendre en compte pour les réseaux IP. D'abord celles du «système d'accès au réseau» (SAR, le point d'entrée) - «date et heure de connexion, ID utilisateur, adresse IP assignée, adresse IP du SAR, nombre d'octets transmis et reçus, identification de la ligne appelante». Puis spécifiquement, le «serveur de courriel» (journal SMTP) est concerné surtout pour repérer «message-ID (msgid), expéditeur (login@domain), destinataire (login@domain), (...) adresse IP du client connecté au serveur, ID utilisateur, dans certains cas, renseignements sur le courriel récupéré». Mêmes requêtes pour les protocoles suivants: «serveurs de téléchargement» (FTP), avec «chemin et nom de fichier des données téléchargées vers l'amont ou l'aval»; serveurs web, avec «journal http, adresse IP de la source (...), dernière page visitée»; les newsgroups Usenet, «ID du processus, message-ID du message livré (...)»; et enfin les «services de bavardage internet», les forums de chat comme l'IRC, avec «durée de la séance, surnom utilisé pendant la connexion IRC, nom d'hôte ou adresse IP ou les deux». Cete liste fait figure de petit vade-mecum pour les forces de l'ordre. Et pas seulement celles du G8, car son influence est bien plus large en matière de cybercriminalité. En effet, le "Groupe des 8" a ouvert depuis plusieurs années un «réseau international de contacts disponibles 24 heures sur 24 pour faire échec à la criminalité en haute technologie». «Depuis le 11 septembre, le G8 a grossi de façon significative [ce] réseau (...) qui, à l'origine, comptait 16 États participants et en comprend aujourd'hui 26», notent les délégués à l'issue de leur réunion canadienne. Conflit en Europe, attente des décrets LSQ en France Les pays de l'Union européenne sont en première ligne pour tenter d'appliquer, en force, ce principe de «rétention préventive» des données identifiant l'abonné et ses parcours réticulaires. Le Parlement européen et le Conseil des ministres sont toujours farouchement opposés sur cette question. À Strasbourg le 18avril dernier, la commission parlementaire des Libertés du citoyen a une nouvelle fois approuvé le principe du «droit à l'oubli», dans une directive en cours de révision (protection des données dans les télécommunications). Il y est établi que «toute forme de surveillance électronique générale ou exploratoire pratiquée à grande échelle est interdite». Mais de leur côté, les gouvernements et leurs hauts fonctionnaires de la sécurité et du renseignemlent restent campés sur leurs positions (résumées dans notre article du 13/12/2001): cet amendement est abusif, disent-ils. Cette directive ne couvre pas les compétences dites du "3e pillier" (justice, défense et sécurité), et ne peut donc pas empêcher les États de prendre de telles mesures, dans le respect des conventions internationales sur les droits de l'homme. Le Parlement dans son ensemble, qui avait déjà rejetté, à la majorité, la formulation du Conseil le 13novembre derneir, doit passer au vote en deuxième lecture le 29mai prochain. Les pendules ne sont pas prêtes d'être à l'heure... En tous cas, le listing des données à conserver élaborée par le G8, approuvé donc par la France, devrait ressembler à celui que doit contenir l'un des décrets d'application de la loi sécurité quotidienne du 15novembre 2001. La LSQ ordonne déjà aux prestataires de conserver pendant un an les données de connexion (article 29). Selon nos informations, les "arbitrages" interministériels sur ce décret très attendu n'auraient pas été effectués avant le premier tour de la présidentielle. Ce qui retarderait d'autant sa publication après les législatives. Jusqu'à aujourd'hui, seulement une demi-douzaine de décrets relatifs à la LSQ sont parus, mais très peu concernant certaines dispositions liées à l'informatique. Jerome Thorel vendredi 17 mai 2002 Source : ZDNet France (http://www.zdnet.fr) -------- HACKTIVIST NEWS SERVICE s a m i z d a t . n e t Don't hate the media, become the media ! http://hns.samizdat.net _____________________________________________ #<nettime-fr@ada.eu.org> est une liste francophone de politique, art et culture lies au Net; annonces et filtrage collectif de textes. #Cette liste est moderee, pas d'utilisation commerciale sans permission. #Archive: http://www.nettime.org contact: nettime@bbs.thing.net #Desabonnements http://ada.eu.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-fr #Contact humain <nettime-fr-admin@ada.eu.org>