Louise Desrenards on Fri, 8 Aug 2003 18:42:36 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] (Version corrigée) L'Education impossible :Sur l'affaire Cantat |
Une analyse personnelle sur cette triste affaire où l'on voit se pointer la question toxicologique... Pas de lâcheté : la question toxicologique ne change rien aux responsabilités en cause de la victime et du meurtrier et voici pourquoi... Qu'il s'agisse d'alcool ou d'héroïne, d'amphétamines ou d'anxiolytiques pour l'agresseur présumé ou pour sa victime... il reste qu'il nous importe quelque chose de précis, à nous, féministes organisées ou non organisées de la cause de l'égalité des sexes actives contre le machisme "tendance", qui sévit de plus en plus dans les couches des cadres ou de la moyenne bourgeoisie, (voir les statistiques de "Femmes battues", où sans faire de populisme ce qui reste de prolétaires demeure encore à respecter majoritairement les femmes). Il reste en effet que Marie Trintignant (paix ait son âme) aurait-elle d'autant plus mal supporté les coups qui lui furent portés que son corps et son cerveau fussent préalablement dans un état toxicologique, si tel était le cas (sous-entendu actuel dans une certaine presse de bon goût, peut-être sous la nouvelle influence des lobbies de l'Entertainment concernés par l'affaire), et même dans un état toxicologique avancé, il ne pourrait y avoir du point de vue éthique que des circonstances aggravantes pour l'agresseur, d'avoir atteint une personne affaiblie dans sa possibilité de réplique pour se défendre. Circonstances plus aggravantes encore si l'agresseur se trouvait quant à lui dans un état similaire de celui de sa victime : celui affaiblissant sa capacité de réprimer un penchant d'instincts violents caractériels, à l'ordinaire, à l'encontre de quelqu'un d'autre considéré comme devant être "réduit", circonstances le mettant au contraire en situation d'appliquer ces instincts de façon décuplée par cet état particulier. Aimer, communiquer, vivre en société suppose la conscience de sa responsabilité par rapport à l'autre (pas seulement l'inverse comme seul des enfants on pourrait admettre q'ils le pensent), et de se connaître soi-même. Le principe même qu'un homme réalisant son pouvoir sur une femme en passant à l'acte de la frapper, même d'une gifle telle qu'il paraîtrait encore normal d'en porter à des enfants (à voir si cela même est encore admissible) est inadmissible : la tolérance idéologique ou culturelle entraîne l'autorisation légitime du passage à l'acte abusif et donc supposant une possible fin tragique. Notamment conjugalement entre amants, époux, parents etc... hétéro ou homos tous inclus (dans la mesure ou l'un des partenaires homos serait dominant sur l'autre). Mais aussi entre hommes majoritairement solidaires en fratries, claniques ou familiales, communautaires ou groupusculaires, par rapport aux femmes, quand au moindre problème on fait taire les cris de la femme qui ne s'est pas constituée à l'image sociale des hommes, plutôt qu'adresser la critique ou regarder à qui, ce qui, a causé ces cris... Cela vaut donc aussi pour les pères de famille par rapport à leurs fils lorsqu'ils s'associent pour simplifier contre la mère opposée, marquant l'autorisation de la transgression à laquelle certains fils se livrent légitimement ensuite à des violences contre leur propre mère, lorsqu'elle tente de contrarier leurs entreprises destructrices ou auto-destructrices en l'absence d'un père vigilant (ce qui est plus fréquent qu'on ne le croit). Ce qui peut encore s'appliquer entre les frères et les soeurs, les pères et les filles ; etc... Se pose alors tout un problème en cascade de l'éducation dans notre société, lié aux représentations de la communication et de la consommation, toujours manifestes d'appels subliminaux addictifs flattant l'ego des hommes socialement dénarcissisé, notamment dévourvus de leur puissance politique (je ne parle pas ici des partis politiques mais du libre-arbitre éduqué pour transformer son environnement critique face au pouvoir). On dira même que si l'hystérie des femmes est souvent un garde-fou social, une mise en garde, une veille sur le danger couru par les proches ‹ même à leur insu et donc de les en avertir contre leur gré, du moins en forçant de la voix démonstrative leur refus d'ouvrir les yeux ‹ ou dans un environnement social donné : le machisme écrase cette vigilance. Il y a un dérèglement grave de l'équilibre des contradictions sociales à vouloir anéantir l'énergie ou l'appel des femmes, à vouloir les faire taire dans leur différence dès lors qu'elles ne s'expriment pas dans la façon d'un homme. Et donc, il ne s'agit pas seulement des femmes au service d'elles-mêmes à l'assaut de leur liberté et de leur égalité, y compris amoureuse, mais encore jusqu'aux femmes traditionnellement ou par goût soumises aux hommes dont la fatuité ou l'immaturité comme partenaires masculins n'a d'égal que leur prédominance dans un rapport de force qu'ils instrumentent de toute pièce, à la dimension inversement proportionnelle de la convenance de leurs partenaires féminins (ou dominés), au point d'avoir perdu jusqu'à la conscience d'une utilité sociale des différences, y compris à leur propre profit personnel ou familial. Le maintien de la famille aussi, même si cela peut paraître réactionnaire, est parfois une clé sacrificielle des femmes pour sauver l'éducation ou la santé psychique des enfants ‹ dans d'autres cas la séparation ou le divorce également, etc... Pour en revenir au degré du passage à l'acte lui-même : Il est à considérer que le passage à l'acte de gifler une femme, ou alter partenaire dit "faible" et néanmoins contrariant, "pour lui apprendre", pour lui donner "une bonne leçon", ou pour "marquer d'un pouvoir" le territoire humain agressé, en mettant à distance ou "en respect" l'entourage bienveillant ou protecteur de celui-ci, ne peut en aucun cas relever de la légitimité mais de l'exception accidentelle, circonstancielle (et vice versa d'une femme sur un homme, d'ailleurs) et dans la plupart des cas concerne par principe la criminalité, quelle que soit la singularité ou les habitudes particulières des individus en cause. Dans le cas ou le saisissement par la violence rend victime, torture ou tue: il ne saurait y avoir d'autre considération que celle de la pathologie habituelle de l'agresseur, ou sa volonté meurtrière : sauf à le considérer comme un imbécile irresponsable de lui-même ‹ a fortiori, un état toxicologique de sa propre part ne pourrait davantage l'excuser, dès lors qu'il en serait rendu plus dangereux ni comme on l'a déjà dit, dans un état similaire de sa victime qui aurait rendue celle-ci plus faible encore. La société, l'environnement des autres, se doit donc de le mettre hors menace. Un meurtre dans de tels cadres serait-il prémédité ou accidentel voir s'il était lié à des causes extérieures, resterait un meurtre pour l'essentiel du sens de son fait, et quelle que soit le résultat de l'enquête : sauf si elle menait à reconnaître une conséquence meurtrière liée à un état de légitime défense, de fait ‹ or nous sommes loin de ce cas dans celui qui s'abat sur les femmes dites battues, quel que soit leur milieu social. Une simple gifle de "bonne gifle" à "petite gifle" d'autorité à l'égard d'un enfant immature par définition n'est certainement pas de l'ordre de l'éducation, mais de l'éducation prise au dépourvu ; à l'égard d'un autre adulte sain de corps et d'esprit dans une situation conflictuelle normale (j'entends que les causes du conflit soient ordinaires), c'est une violence caractérielle ou paranoïaque contre le respect du corps et de la pensée autonomes de l'autre ‹ et l'on sait bien, d'ailleurs, comme la violence contre le corps (voir jusqu'à la mort du corps réfractaire) est une arme des souteneurs en cas de résistance de leur cheptel prostitué, violences physiques atroces, ou simplement anesthésiantes du genre addiction toxicologique pour résoudre l'insoumission. Cette disposition de la soumission toxicologique d'un être par un autre entretenant opportunément pour son pouvoir une addiction partenariale, se retrouve dans maints rapports psychologiques pervers même familiaux ou amicaux, qui ne relèvent pas de la criminalité apparente du passage à l'acte. Je veux dire enfin qu'une mode enfoncée à coup de musique communicante et Pavlovienne associant les paroles aux perceptions et au geste codé de la danse, quelque soit la musique des boîtes et la connotation sexuelle ou culturelle singulière concernée, s'est substituée à l'éducation via les medias (d'ailleurs ces musiques faisant partie de tout l'environnement urbain constituent des medias en elles-mêmes), par intégration culturelle. Par là, je veux dire que le hip hop de la seconde émergence (je ne parle pas des Last Poets, bien sûr), et le Hard Rock, y compris l'exception de celui qui porte plutôt l'"androgynie sacrifiée du post-romantique, le modèle christique individué fut il anté-christ" (Surel), maintiennent le modèle dominé/dominant, sado/maso en survivance du modèle machiste du sexe fort et du sexe faible, et la dialectique du maître et de l'esclave tels que les matérialistes révolutionnaires trouvèrent, à l'opposé dialectique, fondé de les combattre. Ces musiques chantées nous qui nous ont familiarisés avec un retour du machisme et de ses codes même dans les milieux androgynes, le machisme serait-il parfois paternaliste ou patriarcal bienveillant (IAM, Akhenaton ‹ même si on les apprécie par ailleurs) et non "niquant sa mère" (encore que le métisse Joey Starr n'aurait probablement pas réchappé judiciairement d'une situation analogue à celle du chanteur white au nom franco-français de Noir Désir, duquel la voix semblait prescrire la bonne contestation politique plutôt que la haine sociale). Et notamment le gangsta rap west coast a mis à la mode jusque dans le rap local la "bitch", non la pute telle une prostituée, mais la pute comme "salope", "ma salope" c'est ma copine ; ainsi est devenue "My girl", "My Sister" ‹ et même "morphine" du rock ‹ du blues... A travers "la salope", non seulement l'image de la séduction mais celle de l'amour devient celle de la faiblesse propre de l'homme, d'en pincer de désir pour "quelque chose" qui sauf le désir (la pulsion étant définie dans le même jeu comme "mauvaise", simplement parce que l'intimité avec une femme perturbe la communauté de la fratrie des copains, et donc ne vaut rien : seule la fratrie valant). La femme autonome et déterminée y compris et d'autant plus si elle maintient sa quête de jouissance sexuelle vers les hommes, devient donc représentativement une altérité radicale périphérique de la communauté qui se clône et imite son propre signe d'un individu à l'autre : l'ennemi de sa propre communauté de même sexe, puisque transfuge de celle-ci à la marge de celle des hommes, et donc ennemi plus encore de la communauté des hommes qu'elle menace de différence, même pas d'entropie, et donc de désunion des codes, "ennemi" de l'homme qu'elle fréquente dès lors qu'il s'identifie à la communauté des hommes, s'agirait-il de la communauté citoyenne des hommes dans son entier, dans les sociétés qui conçoivent la citoyenneté en termes de communautés et notamment sexuées. En quoi consiste la misogynie dominante actuelle, qui s'est développée localement dans la mutation culturelle de la société républicaine à la société néo-libérale à l'image d'un modèle communautariste lié à la démocratie américaine, gangs inclus (voir le dernier film de Scorcese). Ajouter à cela la complaisance tendance sur la question de la soumission dans le porno, porno dont on connaît bien les liens économiques avec les secteurs mafieux qui en négocient les modèles rentables et cela aurait-il l'air d'être de l'art, tel que tout l'art contemporain de la dernière décennie par exemple s'amusa à le jouer et à le cotoyer, comme toute une intelligentsia, à la traîne d'un tissu social post-moderne qui s'y adonnait "en privé" de toutes façons sans idéologie transcendantale, au moins à le "voir" sinon à le pratiquer (ce qui s'est généralisé à travers les pratiques y compris échangistes) et franchement : entre celles qui l'ont cherché et celles qui l'on subi par amour... Pensez-vous qu'ici on ait fait le tour de la question ? Le problème est grave ; toute généralisation des comportements pervers singuliers, s'ils peuvent être admis dans une rareté pragmatique devient accablante dans sa généralisation, bien au-delà des personnes qu'elle concerne directement... Cette analyse pour autant se veut éclairante, sans être un appel à la répression. Louise D. PS Méditons aussi que Joey Starr doit probablement de ne pas avoir commis de meurtre ‹ attention, je veux dire en premier lieu "sans avoir voulu le commettre", disons du meurtre même par accident ‹ au fait qu'il ait été l'objet d'un dépôt de plainte en temps voulu par une de ses compagnes victimes ‹ il a même fait de la prison je crois, mais en tous cas pas pour avoir tué : ce qui est vital‹ pour lui aussi. Et donc, la fille qui a déposé la plainte a bien fait non seulement pour elle et pour les compagnes suivantes de ce monsieur, mais pour lui-même, l'ayant mis face à la réalité de la règle à ne pas transgresser avant que ses transgressions en ces domaines ne l'aient mené au pire de lui-même et de s'en trouver définitivement exclus ‹ ou mort à la vie, biologiquement ou socialement, lui-même. De sorte que Joey Starr même odieux ne peut rester totalement antipathique, et la fille qui l'a empêché de commettre le pire s'est comportée de façon responsable. On a toujours tort de se taire sur les violences ; à vouloir protéger les êtres qui les exercent ou ceux qui les subissent : on les accable non d'un destin mais de fatalité et on la redouble pour les autres. Il faut choisir le destin ou la fatalité : ceci vaut non seulement pour les violences mais pour tout élément représentatif y compris matériel de la vie en société pour ceux qui pensent encore la liberté relative et la révolution de l'instant.
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