Louise Desrenards on Sun, 25 Apr 2004 21:10:45 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] lLa proposition de Hardt et Negri en français avec présentation préface et liens d'info


(Références / textes intégraux en libre accès à télécharger en ligne) à la
fin
de message)

De " Pour une Nouvelle Grande Charte "


Voilà je l'ai traduit parce que je pense qu'il serait bien d'en débattre de
façon culturellement citoyenne par exemple sur la liste au fil des jours ;
j'ai remis le texte original en bas pour éviter les contresens, de sorte que
si quelqu'un connait l'anglais,  voyant des fautes il peut le renvoyer
corrigé. J'ai numéroté les paragraphes poour me reprérer en cours de
traduction et je les laisse parce qu'ils me paraissent également faciliter
la lecture en ligne, mais bien sûr les numéros ne font pas partie du texte
original, même si les paragraphes sont absolumetn respectés.

Je le fais précèder de la citation  d'une réponse de Hardt à un colistier de
nettime anglophone, qui en explique quelques aspects mais surement pas tous,
notamment pas la machine d'intégration sémiotique à x niveaux de signifié de
signifiant et de référents, qui est aussi une dynamique générative, et qui
prend justement structure organique par la forme descriptive  et progressive
de l'énoncé. En quoi il rompt avec le modèle dialectique matérialiste  sinon
en référence  méta-structurelle.

Il me semble  que ce texte  opère  le  paradigme de la multitude, en quoi il
constitue  une proposition infra-révolutionnaire.  Dessous on trouvera les
textes bases de Machiavel  et de Spinoza qui préexistent à cette vision
toute en référence pourtant anglosaxonne...  Mais la conseillère de Jean
sans terre n'était-elle pas sa mère Aliénor d'Aquitaine - prise au dépourvu
mais informée du pré-libéralisme solidaire des pays cathares -  cela ne
devrait donc pas nous être tout à fait étranger ?

Louise D.

------

Préface

[ J'ai demandé à Michel Hardt de clarifier "la nouvelle Grande Charte"
le texte que lui et Negri ont écrit pour le magazine du Forum Économique du
Monde :
http://www.globalagendamagazine.com/2004/antonionegri.asp/ - spécifiquement,
s'il est "descriptif ou normatif." Voici sa réponse.] "Doug Henwood"
<dhenwood@panix.com>

" C'est normatif. (Ils nous ont demandé d'écrire quelque chose et nous avons
essayé de faire une suggestion qu'ils pourraient comprendre.) Mais la
prescription est non seulement pour les participants WEF (l'UE incluse) pour
repenser et interroger leurs alliances avec WEF. Les deux suggestions
spécifiques à la fin du texte doivent chercher des conseils du côté des
aristocraties du Sud, comme Lula et le groupe de 22 et compter sur les
mouvements pour des conseils.

Gluant avec votre exemple d'UE, c'est-à-dire qu'une UE orientée vers les
mouvements est meilleure qu'une UE orientée vers les EU et les sociétés
capitalistes.

De toute façon pas un message très révolutionnaire, sinon un simple dont
nous avons pensé qu' ils pourraient le comprendre et en même temps celui qui
pourrait aider les mouvements et les autres luttes anti-capitalistes.
Quelque chose comme un moment Machiavélique, conseillant aux  puissants que
leur seule alternative soit vraiment de faire ce qui nous rend beaucoup plus
puissants nous-mêmes.

L'espoir qui signifie quelque chose. Me semble plutôt simple.

H. "



======================

Pourquoi nous avons besoin d'une Grande Charte multilatérale

par Michael Hardt et Antonio Negri



1.  Il devient de plus en plus clair qu'une entente unilatérale ou
"monarchique" de l'ordre global (centré sur l'armée, la dictat politique et
économique des Etats-Unis) est indésirable et non durable.

2.  La crise de cette entente présente l'occasion pour "les aristocraties
globales" de proposer un nouvel ordre global ; par artistocraties globales
nous entendons :  les sociétés multinationales, les institutions
supranationales et les autres états nations dominants.

3.   Le défi primaire lancé à ces aristocraties mondiales est de réorganiser
le système global dans l'intérêt de la reprise et de l'expansion des forces
productives qui sont aujourd'hui contrecarrées par la pauvreté et la
marginalisation. Pour ce faire, un nouvel accord est nécessaire - un contrat
 de Grande Charte pour l'ère, que des aristocraties d'aujourd'hui sont dans
la position de demander au monarque.

4.  De notre point de vue, l'impérialisme n'est plus possible aujourd'hui.
Autrement dit, aucun état nation, non même les Etats-Unis, n'est
représentatif  ni capable comme pouvoir souverain pour régner sur l'ordre
global.

5.  En outre, l'ordre global contemporain ne sera plus défini par la
compétition entre des pouvoirs impérialistes, comme il le fut la plupart du
temps aux 19ème et 20ème siècles. Une nouvelle forme de souveraineté
apparaît aujourd'hui - une souveraineté identifiée globale, que nous
appelons l'Empire.

6.  Nous utilisons le terme "l'Empire" en partie parce que les nouvelles
structures de pouvoir ressemblent à celles de l'Empire romain antique.
Spécifiquement, la nouvelle souveraineté globale est caractérisée, comme
elle l'était à la Rome antique, par la collaboration constante et
l'interaction entre "la monarchie" et "l'aristocratie".

7.  Cela signifie que les Etats-Unis ne peuvent pas agir indépendamment
comme un monarque global ni voguer seuls en cela, en dictant les termes de
dispositions globales à la Défense,, ou ltermes politiques, ou les termes
économiques ou encore financiers.

8.  Les Etats-Unis doivent plutôt collaborer avec les autres états nations
dominants, les sociétés multinationales et les institutions supranationales
qui composent les aristocraties globales. Autrement dit, la souveraineté
impériale d'aujourd'hui ne peut pas être dictée par Washington (ni par
le Pentagone ni par le Fonds Monétaire International), mais doit résulter
des échanges entre les pouvoirs dominants divers. Nous voyons cet Empire
sous une forme de réseau de pouvoir dans lequel il n'y a aucun centre
simple, mais plutôt un large jeu des pouvoirs qui doivent être en
pourparlers les uns avec les autres. Alors, notre hypothèse est que cet
Empire étant une tendance naissante, la seule forme des échanges dans
laquelle des hiérarchies globales contemporaines et l'ordre peuvent se
maintenir est avec tous les partenaires au pouvoir.

10.  Quand nous prétendons que cette nouvelle forme impériale de
souveraineté globale apparaît, nous devrions être clairs : cela ne signifie
pas que les états nations ne soient plus importants. Trop souvent les
discussions du pouvoir mondial tombent dans une l'une ou l'autre/ou erreur :
l'un dit, quand  des structures de pouvoir global apparaissent, que les
états nations ne sont plus importants; l'autre dit, quand les nations en
tant qu'Etat continuent à être importantes, qu'il n'y a aucune structure de
pouvoir global.

11.   Au lieu de cela, le but de notre concept d'Empire est de reconnaître
que les états nations sont toujours puissants (certains, bien sûr, plus que
d'autres), mais qu'ils ont tendance aujourd'hui à agir dans une nouvelle
forme de souveraineté globale qui inclut, en plus des états nations, divers
autres acteurs puissants incluant des sociétés et des institutions
supranationales.

12.  Notre hypothèse d'Empire peut être confirmée négativement par l'échec
clair de la politique unilatérale dans une variété de champs. Le plus
évident est l'échec des stratégies militaires unilatérales poursuivies par
le gouvernement américain particulièrement dans les deux ans passés.

13.  Même sur le plan strictement militaire les campagnes des EU en
Afghanistan et en Irak prouvent leur incapacité de rencontre  des
objectifs minimaux  de sécurité et stabilité. Au contraire, ces campagnes
créent l'accroissement du conflit et la radicalisation des luttes.

14.  De plus, l'état global de la guerre et des conflits résultant de la
politique militaire unilatérale a eu des effets fortement nuisibles sur les
circuits globaux de production et du commerce. De façon sommaire, on
pourrait dire que la mondialisation armée unilatérale poursuivie par les
Etats-Unis a dressé de nouvelles frontières et des obstacles, bloquant les
modes de réseaux économiques globaux qui avaient été créés dans les
décennies précédentes.

15.  Une autre sorte de stratégie unilatérale qui a échoué est l'imposition
de régimes économiques néolibéraux, caractérisés par des mandats pour couper
des programmes d'assistance publique pour le  minimum et privatiser des
industries publiques et des soins.

16.  Le présumé "Consensus de Washington" et la politique dictée par le FMI,
qui s'élève en une sorte d'unilatéralisme économique, a été promu fortement
par les Etats-Unis et souvent s'assortit bien des actions militaires
unilatérales.

17.  Ceux que la politique économique et financière a pendant des décennies
aidés pèsent de leur critique contre les voix qui s'élèvent, pourtant, les
désastres économiques en Asie du Sud-Est en 1997 et en Argentine dans les
années  2000/01 (deux territoires considérés en d'autres temps comme des
exemples brillants du succès néo-libéral) ont confirmé la crise du modèle
économique.

18.   L'indication la plus générale des limitations du régime économique
néolibéral global est qu'il n'engage qu'une fraction infime du potentiel
productif dans le monde d'aujourd'hui. Les plus grandes fractions et en
augmentation  de la population globale vivent dans la pauvreté, privées
d'éducation et des opportunités. De nombreux pays sont tourmentés par les
dettes nationales qui drainent des ressources vitales. En fait, il est de
plus en plus clair que la majorité du monde est exclue des circuits
primaires de la production économique et de la consommation.

19.  Quelques doctes experts ont ainsi commencé à prétendre que sans cadeau
de la part du régime économique néolibéral de grandes parties de la
population globale seraient "jetables", comme si le système économique
durable était  immoral.

20.  Ils affirment que l'exclusion de larges populations est ce qui rend  le
système fonctionnel. Ce fait explique pour eux l'apparente indifférence de
la pauvreté à grande échelle et de même pour les taux de mortalité élevés
dus, par exemple, à la propagation de SIDA en Afrique.

21.  Notre avis, est plutôt que l'exclusion économique et la marginalisation
de larges populations sont les indications de l'échec et que le régime
néo-libéral n'est pas durable. Aucun système économique ne peut se prolonger
en faisant suffoquer le potentiel productif d'une si grande partie de la
population.

22.   L'échec du  néo-libéralisme, autrement dit, rend  inévitable la tâche
de créer un nouveau système productif avec les moyens pour comprendre mieux
le potentiel productif dans le monde aujourd'hui.

23.   C'est le moment de la Grande Charte. Souvenez-vous de l'histoire
anglaise quand  le premier Roi du 13ème siècle John ne pouvait plus payer
pour ses aventures militaires étrangères et ne pouvait plus maintenir la
paix sociale.

24. Quand il a fait appel à l'aristocratie pour les fonds et le soutenir,
celle-ci a exigé en retour du  monarque qu'elle ne le soumette plus à
l'autorité de la loi et fournisse des garanties constitutionnelles ; c'est
pourquoi elle a rédigé la Grande Charte.

25.  Le monarque, autrement dit, a consenti l'abandon de  la position
strictement unilatérale et de collaborer activement avec l'aristocratie.
Notre "monarque" global est fait face à une crise comparable aujourd'hui -
incapable de payer pour ses guerres, de maintenir l'ordre de la paix et, de
plus, de procurer les moyens adéquats de  la production économique.

26.  Nos "aristocraties" sont ainsi dans la position, en échange de leur
appui, d'exiger une nouvelle entente sociale, politique et économique - un
nouvel ordre global.

27.  Quel serait le contenu d'une nouvelle Grande Charte globale de nos
jours ? La paix et la sécurité sont des objectifs évidemment importants.
Mettre fin à des  aventures militaires unilatérales et à l'état apparemment
interminable de guerre globale constituent  une condition fondamentale.

28.  Cependant, il est également important de renouveler les forces
productives globales et d'installer la population mondiale entière dans les
circuits de production et l'échange. Dans ce contexte, les priorités comme
l'élimination de la pauvreté et déliant les dettes des pays les plus pauvres
ne fait plus acte de charité, mais d'efforts visant  à réaliser le potentiel
productif qui existe dans le monde.

29.  Une autre priorité changerait complètement les processus de
privatisation et créerait l'accès commun aux ressources productives
nécessaires - comme le sol, les céréales, les informations et la
connaissance. Faire des ressources communes est nécessaire pour l'expansion
et le renouvellement créatif  et des potentiels de production, de
l'agriculture aux technologies d'Internet.

30.  Nous pouvons déjà reconnaître quelques mouvements pouvant indiquer un
chemin vers la création de cette nouvelle Grande Charte. Les demandes "du
groupe de 22"  pour la politique commerciale agricole plus équitable, lors
des rencontres de Cancún de l'OMC, par exemple, sont un pas vers la réforme
du système global. Plus généralement, les alliances internationales
provisoirement articulées par le gouvernement de Lula au Brésil, en Amérique
Latine et d'autres,  indiquent largement des bases possibles pour la
reconstruction globale.

31.  La prise de l'avance des gouvernements du Sud global est de cette
manière une voie pour que les aristocraties orientent  leur projet du
renouvellement de forces productives et des énergies dans le système
économique global.

32.  La multitude fournit une deuxième source d'orientation des voix qui
protestent contre l'état actuel de guerre et la forme présente de la
mondialisation. Ces manifestants dans les rues, aux forums sociaux et dans
les  ONG (organisations non gouvernementales) présentent non seulement des
griefs contre les échecs du système présent, mais encore de nombreuses
propositions de réforme allant des  propositions  institutionnelles à la
politique économique.

33. Il est clair que ces mouvements resteront toujours antagoniques aux
aristocraties impériales et, de notre point de vue, c'est bien  ainsi.
Néanmoins, il serait dans l'intérêt des aristocraties de considérer ces
mouvements comme des alliés potentiels et une ressource pour formuler la
politique globale d'aujourd'hui.

34. Une version des réformes demandées par ces mouvements et quelques moyens
d'incorporer la multitude globale comme force active sont indéniablement
indispensables pour la production de richesse et la sécurité.

35.  Les gouvernements les plus progressifs du Sud global et les mouvements
de protestation contre la mondialisation sont certaines des forces
existantes qui peuvent orienter un projet de renouvellement. Une nouvelle
Grande Charte offrirait une alternative à nos régimes unilatéraux échoués.



Michael Hardt/Antonio Negri


Michael Hardt enseigne à Duc Université, et Antonio Negri a enseigné aux
Universités de Padoue et de Paris. Ils sont les co-auteurs d'Empire (Harvard
(US), Exils (Fr), 2000). Leur prochain livre, publié par Pinguin(US)en 2004,
est "La Multitude : Guerre et Démocratie à l'ère d'Empire".

===========

Foreword

 [I asked Michael Hardt to clarify the "new Magna Carta" piece he &
Negri wrote for the World Economic Forum's magazine
<http://www.globalagendamagazine.com/2004/antonionegri.asp> -
specifically, whether it's "descriptive or prescriptive." Here's his
response.] "Doug Henwood" <dhenwood@panix.com>

" It is prescriptive.  (They asked us to write something and we tried
to make a suggestion they could understand.)  But the prescription is
not only for the WEF participants (EU included) to rethink and
question their alliances with W.  The two specific suggestions at the
end of the piece are to look for guidance to the aristocracies of the
South, such as Lula and the group of 22, and to look to the movements
for guidance.  Sticking with your EU example, that is to say that a
EU oriented toward the movements is better than an EU oriented
towards the US and the capitalist corporations.

Anyway not a very revolutionary message, but a simple one that we
thought they could understand and one that could aid the movements
and the other anti-capitalist struggles.  Something like a
Machiavellian moment, advising the powerful that their only
alternative is really to do what makes us much more powerful.

Hope that makes sense.  Seems rather simple to me.

H. "

------



Why we need a multilateral Magna Carta
Michael Hardt and Antonio Negri



1.  It is becoming increasingly clear that a unilateral or "monarchical"
arrangement of the global order - centred on the military, political
and economic dictation of the United States - is undesirable and
unsustainable.

2.  The crisis of this arrangement presents the opportunity for the
proposition of a new global order by the "global aristocracies" - that
is to say, the multinational corporations, the supranational
institutions and the other dominant nation states.

  3. The primary challenge facing these global aristocracies is to
reorganize the global system in the interest of renewing and expanding
the productive forces that are today thwarted by poverty and
marginalization. To do this, a new agreement is needed - a Magna Carta
contract for the age, that today's aristocracies are in the position to
demand of the monarch.

 4.  Imperialism, in our view, is no longer possible today. In other words,
no nation state, not even the United States, is capable of acting as a
sovereign power to rule over the global order.

  5. Furthermore, the contemporary global order will not be defined by the
competition among imperialist powers, as it was during much of the 19th
and 20th centuries. A new form of sovereignty is emerging today - a
properly global sovereignty, which we call Empire.

  6. We use the term Empire in part because the new structures of power
resemble those of the ancient Roman Empire. Specifically, the new
global sovereignty is characterized, as it was in ancient Rome, by the
constant collaboration and interplay between the "monarchy" and the
"aristocracy".

7.  This means that the United States cannot act independently as a global
monarch and "go it alone," dictating the terms of global arrangements
in military, political, economic or financial terms.

8.  The United States must rather collaborate with the other dominant
nation states, the multinational corporations, and the supranational
institutions that compose the global aristocracies. Today's imperial
sovereignty, in other words, cannot be dictated by Washington (either
the Pentagon or the International Monetary Fund), but must result from
the collaboration among the various dominant powers.

9.  We think of this Empire as a network form of power in that there is no
single centre, but rather a broad set of powers that must negotiate
with each other. Our hypothesis, then, is that this Empire is an
emerging tendency and that, for those in power, it is the only form in
which contemporary global hierarchies and order can be maintained.

10.   When we claim that this new global imperial form of sovereignty is
emerging, we should be clear: this does not mean that nation states are
no longer important. Too often discussions about global power fall into
an either/or fallacy: one person says that, since global power
structures are emerging, nation states are no longer important; the
other says that, since nation-states continue to be important, there
are no global power structures.

11.  The aim of our concept of Empire, instead, is to recognize that nation
states are still powerful (some, of course, more than others), but that
they tend today to act within a new form of global sovereignty that
includes, in addition to nation states, various other powerful actors
including corporations and supranational institutions.

 12.  Our hypothesis of Empire can be confirmed negatively by the clear
failure of unilateralist policies in a variety of fields. Most obvious
is the failure of the unilateralist military strategies pursued by the
US government particularly in the past two years.

13.  Even in strictly military terms the US campaigns in Afghanistan and
Iraq are proving incapable of meeting the minimum objectives of
security and stability. On the contrary, they are creating increasing
conflict and strife.

14.  Moreover, the global state of war and conflict created by the
unilateralist military policies has had strongly detrimental effects on
the global circuits of production and trade. One might say, in summary
fashion, that the unilateralist armed globalization pursued by the
United States has raised new boundaries and obstacles, blocking the
kinds of global economic networks that had been created in the previous
decades.

 15.  Another kind of unilateralist strategy that has failed is the
imposition of neoliberal economic regimes, characterized by the
mandates to cut public welfare programmes to a minimum and privatize
public industries and healthcare.

 16.  The so-called "Washington Consensus" and the policies dictated by the
IMF, which amount to a kind of economic unilateralism, have been
promoted strongly by the United States and often go hand in hand with
its unilateralist military actions.

17.  These economic and financial policies have for decades come under
heavy criticism, but the economic disasters in southeast Asia in 1997
and Argentina in 2000/01 (two areas previously considered shining
examples of neoliberal success) have confirmed the crisis of the
economic model.

18.  The most general indication of the limitations of the global
neoliberal economic regime is that it engages such a small fraction of
the productive potential in today's world. Large and growing portions
of the global population live in poverty, deprived of education and
opportunities. Numerous countries are plagued by national debts that
drain vital resources. It is increasingly clear, in fact, that the
majority of the world is excluded from the primary circuits of economic
production and consumption.

19.  Some scholars have thus begun to claim that within the present
neoliberal economic regime large portions of the global population are
"disposable", as if the economic system were sustainable but immoral.

20.  They maintain that the exclusion of large populations is what makes
the system functional. This fact explains for them the seeming
indifference to large-scale poverty and even high mortality rates due,
for example, to the spread of Aids in Africa.

21.  Our view, rather, is that the economic exclusion and marginalization
of large populations are indications of the failure and
unsustainability of the neoliberal regime. No economic system can
continue while suffocating the productive potential of such a large
portion of the population.

22.  The failure of neoliberalism, in other words, makes inevitable the
task of creating a new productive system with the means to realize
better the productive potential present in the world today.

23.  This is the moment of the Magna Carta. Remember from English history
that in the early 13th century King John could no longer pay for his
foreign military adventures and could no longer maintain social peace.

24.   When he appealed to the aristocracy for funds and support, they
demanded in return that the monarch submit to the rule of law and
provide constitutional guarantees, and thus they drafted the Magna
Carta.

 25. The monarch, in other words, agreed to abandon a strictly
unilateralist position and collaborate actively with the aristocracy.
Our global "monarch" is faced with a comparable crisis today - unable
to pay for its wars, maintain peaceful order and, moreover, provide the
adequate means for economic production.

26.   Our "aristocracies" are thus in the position, in return for their
support, to demand a new social, political, and economic arrangement -
a new global order.

27.   What would be the content of a new global Magna Carta today? Peace and
security are obviously important objectives. Putting an end to
unilateralist military adventures and the seemingly interminable state
of global war is a fundamental condition.

28.  It is also important, however, to renew global productive forces and
bring the entire global population into the circuits of production and
exchange. Priorities such as eliminating poverty and absolving the
debts of the poorest countries would not in this context be acts of
charity, but efforts aimed at realizing the productive potential that
exists in the world.

29.   Another priority would be reversing the processes of privatization and
creating common access to necessary productive resources - such as
land, seeds, information, and knowledge. Making resources common is
necessary for the expansion and renewal of creative and production
potentials, from agriculture to internet technologies.

30.   We can already recognize some movements that can indicate a path
toward the creation of such a new Magna Carta. The demands of the
"group of 22" at the Cancún meetings of the WTO for more equitable
agricultural trade policies, for example, is one step towards reforming
the global system. More generally, the international alliances
tentatively articulated by Lula's government in Brazil within Latin
America and more broadly indicate possible bases for global
reconstruction.

31.  Taking the lead from the governments of the global South in this
manner is one way for the aristocracies to orient their project of the
renewal of productive forces and energies in the global economic
system.

32.   A second source of orientation is provided by the multitude of voices
that protest against the current state of war and the present form of
globalization. These protestors in the streets, in social forums and in
NGOs not only present grievances against the failures of the present
system, but also numerous reform proposals ranging from institutional
arrangements to economic policies.

33.   It is clear that these movements will always remain antagonistic to
the imperial aristocracies and, in our view, rightly so. It might be in
the aristocracies' interest, however, to consider the movements as
potential allies and resources for formulating today's global policies.

34.   Some version of the reforms that these movements demand, and some
means to incorporate the global multitudes as active forces, are
undeniably indispensable for the production of wealth and security.

35.  The most progressive governments of the global South and the
globalization protest movements are some of the existing forces that
can orient a project of renewal. A new Magna Carta would offer an
alternative to our failed unilateralist regimes.


  Michael Hardt/Antonio Negri


  Michael Hardt teaches at Duke University and Antonio Negri has taught
at the Universities of Padua and Paris. They are co-authors of Empire
(Harvard, 2000). Their forthcoming book, to be published by Penguin in
2004, is Multitude: War and Democracy in the Age of Empire.

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(à l'origine de la monarchie constitutionnelle anglaise)

La grande Charte  (15 juin 1215)
http://www.herodote.net/histoire06150.htm

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Machiavel


LE PRINCE
http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/classiques/machiavel_nicolas/le_prince/le_prince.html/

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Spinoza,


TRAITÉ POLITIQUE où l'on explique
COMMENT DOIT ÊTRE ORGANISÉE UNE SOCIÉTÉ, SOIT MONARCHIQUE, SOIT
ARISTOCRATIQUE, POUR QU'ELLE NE DÉGÉNÈRE PAS EN TYRANNIE ET QUE LA PAIX ET
LA LIBERTÉ DES CITOYENS N'Y ÉPROUVENT AUCUNE ATTEINTE.
http://www.discip.crdp.ac-caen.fr/philosophie/ressources/TP.rtf/


L'ETHIQUE
http://www.discip.crdp.ac-caen.fr/philosophie/ressources/ethique.rtf/


--------------
Banque de données au CRDP de Caen

Sommaire des oeuvres intégrales à télécharger en libre accès :
http://www.discip.crdp.ac-caen.fr/philosophie/ressources/oeuvres.htm/

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