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	gilbert quélennec on Mon, 16 Jan 2006 12:03:30 +0100 (CET)
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        [nettime-fr] L’état des médias en 2005 en France : L’année la plus noire ... (SNJ-CGT)
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http://www.acrimed.org/article2242.html
L’état des médias en 2005 en France : L’année la plus noire ... 
(SNJ-CGT)
Publié le jeudi 12 janvier 2006
Un communiqué du SNJ-CGT (Acrimed)
En France, 2005 aura été l’année la plus noire pour les médias depuis 
60 ans, c’est-à-dire depuis l’adoption des ordonnances de 1944 sur la 
presse.
L’année a été marqué par la poursuite effrénée des concentrations dans 
la presse écrite et dans l’audiovisuel ou chez les opérateurs de 
télécommunications et de diffusion, l’entrée des industriels et des 
financiers dans le capital des grands quotidiens nationaux, des fonds 
de placement et des fonds de pension dans les entreprises de presse en 
difficulté, la fermeture de titres et de chaînes, le « dégraissage » 
des rédactions, les atteintes répétées contre l’indépendance des 
journalistes, les perquisitions dans les rédactions et au domicile des 
journalistes, les dérapages, la priorité donnée au traitement de 
l’information « people » ou aux faits divers plutôt qu’au social et la 
transformation des médias dominants en autant d’instruments partisans 
de propagande, notamment pendant la campagne du référendum sur le 
traité constitutionnel européen ou avec les faits et gestes du ministre 
de l’intérieur (voir ci-dessous).
Ces événements graves se sont déroulés dans une atonie incompréhensible 
de la majorité des formations politiques démocratiques, donnant 
l’impression d’avoir capitulé face aux nouveaux maîtres des médias ou 
oublié des engagements antérieurs de « soustraire l’information à la 
domination de l’argent ».
Les atteintes à la liberté d’informer ont été si nombreuses et ont paru 
si inéluctables sous la pression de l’économique, qu’elles ont semblé 
normales. Mais quand la banalité atteint un tel degré, c’est que les 
esprits ont été gravement anesthésiés par la propagande ultralibérale.
Que l’information soit devenue une marchandise comme les autres devrait 
interpeller les démocrates ; que les médias soient quasiment tous au 
service du libéralisme antisocial et des financiers avides de 
rentabilité à deux chiffres met en cause la crédibilité de 
l’information et, par voie de conséquence, les journalistes.
Les nombreuses luttes dans les rédactions, différentes dans leurs 
formes, pour s’opposer au nouvel ordre des choses, ont montré que, dans 
leur grande majorité, les journalistes aspirent à informer autrement et 
à libérer l’information. Mais, seuls, ils sont insuffisamment armés.
La lutte pour une information complète et pluraliste est un combat de 
tous les démocrates et pas seulement d’une catégorie professionnelle.
Le SNJ-CGT appelle les journalistes à le rejoindre pour imposer une 
information pluraliste et citoyenne dans chaque rédaction et dans tous 
les médias, au service exclusif des citoyens. Il appelle la profession 
à entrer en résistance et à dénoncer toutes les atteintes à l’intégrité 
de l’information, à s’opposer à tous les traitements partiaux des 
faits, à imposer une véritable hiérarchisation de l’information, à ne 
plus accepter les diktats des services de marketing, de publicité ou à 
la mesure d’audience.
C’est par la lutte au quotidien que les organisations syndicales de 
journalistes retrouveront l’autorité suffisante pour interpeller les 
organisations politiques et les élus du peuple pour les contraindre à 
agir.
Rappel des principaux événements en 2005
Quotidiens nationaux
- Le Monde : 10 janvier, la direction annonce l’arrêt du Monde 
initiatives (après celle d’Aden le 22 décembre 2004), 27 salariés, dont 
21 pigistes sont licenciés ; le 8 mars, la Société des rédacteurs vote 
à 63,5 % des voix l’entrée de Lagardère dans le capital.
- Libération : 20 janvier, annonce de l’entrée de Rothschild dans le 
capital ; 21 novembre, grève du personnel et, après une motion de 
défiance, July menace de démissionner.
- France-Soir : 27 octobre, Ramy Lakah se déclare en cessation de 
paiement.
- Le Parisien : 17 mars, licenciement de Jacques Espérandieu, 85 % des 
journalistes votent une motion de défiance contre la direction ; 5 
septembre, lancement du supplément économie, réalisé en partie par des 
agences de communication et dont certains exemplaires sont imprimés en 
Espagne.
Presse régionale
- La Voix du Nord - Nord-Elair : 30 août, annonce de la vente du groupe 
(y compris la chaîne locale, Canal 9) au groupe belge Rossel.
- Ouest-France : 28 octobre, Bercy donne son feu vert au rachat du pôle 
Ouest de la Socpresse (Le Courrier de l’Ouest, Presse Océan, Le Maine 
libre, Nantes 7 et Angers 7)
- Centre France : 22 septembre, le groupe de la Montagne annonce un 
plan social au Berry Républicain (50 emplois supprimés sur 95)
- Lyon Capitale : 23 août, le Progrès cède son hebdomadaire à un groupe 
de capital - développement, Evolem, lequel licencie son directeur 
entraînant une grève des personnels en décembre. Evolem s’est déclaré, 
depuis, en, cessation de paiement.
Presse magazine, professionnelle et spécialisée
- Socpresse : 23 novembre, le groupe belge Roularta prend 35 % du 
groupe L’Express - L’Expansion ; auparavant, Dassault avait nommé Rudi 
Roussillon à la présidence du conseil de surveillance. 14 mars, annonce 
de la vente de Paris-Turf et Week-end au fonds d’investissement 
Montaigne Private Equity.
- Groupe Aprovia : janvier, le groupe GISI (L’Usine nouvelle), contrôlé 
par des fonds de placement, annonce la suppression de 25 % de ses 
effectifs ; AT Kearney rend publique son calcul de la « productivité » 
des journalistes du groupe.
- Marianne : 7 septembre, Yves de Chaisemartin (ex-Socpresse et associé 
du fonds américain Carlyle) entre dans le capital à hauteur de 25 % 
Hachette : juin, arrêt de Oh là.
- Roularta : 21 octobre, le groupe belge rachète les actions de A nous 
Paris, détenues par France-Antilles (Philippe Hersant), après avoir 
pris le contrôle de Studio et pris 15 % du capital de Cyber Press 
Publishing.
Radio
- Europe 1 : 8 avril, Jérôme Bellay s’en va ; il est remplacé par 
Jean-Pierre Elkabach.
- Radio France : 4 avril, début d’une longue grève des techniciens. 
France Bleue : 3 octobre, les radios locales en grève.
- Sud Radio : 1er juin, annonce de la vente (avec Wit FM, Bordeaux) au 
groupe SudPorters (Alouette, Scoop, Ado FM et Vibration), dirigé par le 
frère de Philippe de Villiers.
Télévision
- France télévisions : 6 juillet, nomination de Patrick de Carolis à la 
présidence. 8 juin, grève à France 3 Ouest pour protester contre la 
fermeture de locales ; 4 décembre, dernière diffusion de Mon Kanar sur 
France 3.
- Chaîne internationale : 30 novembre, signature de la convention entre 
France télévisions, TF1 et le gouvernement ; 9 décembre, nomination 
d’Alain de Pouzilhac (ex-PDG d’Havas), à la direction de la future 
chaîne.
- TNT : 31 mars, début de diffusion en France, le service public n’a 
que 6 chaînes contre plus de 20 au privé.
- TV5 : 6 avril, nomination de Jean-Jacques Aillagon à la tête de la 
chaîne. On ouvre, on ferme : 31 août, arrêt de Match TV, 18 octobre, 
lancement de Gulli.
- Directives : 13 décembre, publication du projet de la nouvelle 
directive Télévision sans frontière, autorisant de nouvelles coupures 
publicitaires.
- Divers : 7 décembre, annonce de la fusion des bouquets de chaînes 
payantes, TPS par CanalSat, après accord entre les quatre grands 
groupes TF1, M6, Vivendi Universal et Lagardère.
- Chaînes locales : 3 novembre, deux nouvelles chaînes locales sont 
accordées aux grands groupes, TV7 Marseille (Hachette et AB) et 
téléGrenoble (France-Antilles).
Agences
- AFP : 17 novembre, démission de M. Eveno, PDG.
- Hachette Filipacchi Photos : 7 décembre, nomination de M. Eveno à la 
présidence.
Distribution
- Kiosques de Paris : 26 septembre, la concession est cédée par la 
ville de Paris à une filiale d’Hachette.
Principales atteintes à la liberté des journalistes
- 13 janvier : Perquisition dans les rédactions du Point et de l’Equipe 
et au domicile de plusieurs journalistes, à propos d’une enquête sur le 
dopage dans le cyclisme.
- 17 mars : licenciement de Jacques Espérandieu, Le Parisien, en 
désaccord avec sa direction sur le traitement de l’information.
- 28 avril : Un reporter-photographe travaillant pour 20 minutes est 
empêché de travailler par les policiers alors qu’il s’apprêtait à 
prendre des clichés du tabassage de lycéens à l’occasion d’une 
manifestation à Lille.
- 2 mai : Censure d’un article, retiré du site Internet de RFI, à 
propos de l’affaire du juge Borrel assassiné à Djibouti.
- 24 mai : Deux policiers de Brest arborent des brassards de 
reporters-photographes sur le stade de Brest pour prendre des clichés 
de supporters.
- 15 mai : Photo truquée à Sud-ouest d’un homme arborant un « Non » sur 
son tee-shirt.
- 24 août : Perquisition au domicile de Bluette Dupin, journaliste à 
Radio France Bleue Auxerre, pour avoir réalisé un reportage d’une mère 
de famille congolaise, menacée de reconduite.
- 8 octobre : La direction de l’AFP communique des photos du tabassage 
d’un policier par des salariés de la SNCM à Bastia sans « flouter » 
leur visage.
- 15 octobre : Publication d’une série de quatre articles dans 
Ouest-France, La Bretagne face à ses démons, rédigés par la préfecture.
Montreuil, le 10 janvier 2006
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