gilbert.quelennec on Thu, 3 Aug 2006 12:48:46 +0200 (CEST)
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[nettime-fr] «L’Humanité est l’un des derniers quotidiens à offrir d’autresidées, d’autres options... » Louis Pinto Entretien réalisé par Ixchel Delaporte
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Humanité
« L’Humanité est l’un des derniers quotidiens à offrir d’autres idées,
d’autres options... »
Entretien . Louis Pinto est sociologue . Il est signataire de la
pétition pour le pluralisme de la presse et pour la sauvegarde de
l’Humanité.
Selon vous, pourquoi est-il utile qu’un journal comme l’Humanité
continue d’exister ?
Louis Pinto. On lit un peu partout la même chose. Et cela n’est pas
pour rien dans la désaffection des lecteurs envers leur quotidien
préféré. Cette situation a quelque ressemblance avec celle qui touche
les partis politiques, semblables de plus en plus à des machines
électorales faites pour gagner les élections, et de moins en moins à
des lieux de débat sur des enjeux centraux. L’Humanité est l’un des
derniers quotidiens à offrir d’autres idées, d’autres options, à des
lecteurs confrontés aux mêmes commentateurs, aux mêmes experts, aux
mêmes « intellectuels ».
Pensez-vous que l’État joue son rôle de garant du pluralisme de la
presse ?
Louis Pinto. La diversité des titres est une chose qu’on ne peut pas
tout à fait confondre avec le pluralisme des opinions assuré par la
presse. Si tout le monde est d’accord à propos de la « libéralisation
», de la déréglementation, des questions de « société », de sécurité ou
d’immigration, et, surtout, sur la hiérarchie des problèmes, qu’importe
où on va lire ce qui est à lire de toute façon ? Au moment où un peu
partout l’État se « désengage », c’est-à-dire s’en remet aux forces du
marché, l’information apparaît comme une marchandise parmi d’autres.
C’est peut-être moins des questions de dispositifs ou d’incitations qui
sont en cause qu’une représentation du bien commun, mais qui parle
encore ce langage ? Certains lecteurs perçoivent bien ce qui continue à
distinguer tel ou tel titre. Mais d’autres, peut-être plus nombreux, ne
veulent plus faire de différence, ou bien ils rejettent des journaux
qui, précisément, leur paraissent confinés dans la critique, la
protestation, l’utopie. L’Humanité est peut-être exposée au cumul de
toutes ces réticences d’origines différentes.
L’accès au pluralisme des opinions et à la diversité des informations
stimule l’esprit critique. Selon vous, cela dérange-t-il une société
qui tend vers l’uniformité ?
Louis Pinto. Les opinions critiques ont toujours dérangé. Ce qui est
nouveau est plutôt l’élévation des coûts d’accès à l’espace public. Les
journalistes n’ont pas affaire seulement à des censures d’idées, mais à
des calculs de rendement des biens d’information.
Quels moyens faudrait-il mettre en oeuvre pour garantir le pluralisme
d’une presse engagée et de qualité ?
Louis Pinto. Il faudrait envisager autrement le rôle aujourd’hui
indiscuté des annonceurs et de la publicité, et agir en conséquence sur
les dispositifs fiscaux pour atténuer le cercle des ressources et de
l’Audimat.
Entretien réalisé par Ixchel Delaporte
Article paru dans l'édition du 2 août 2006.
http://www.humanite.fr/journal/2006-08-02/2006-08-02-834474
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