Louise Desrenards on Mon, 30 Apr 2007 10:50:32 +0200 (CEST)
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[nettime-fr] Présidentiellesfrançaises ; PROPORTIONNELLES unanimes le 6 mai
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Sur la proportionnelle il n’y a pas de grand écart, mais bien au
contraire la diversité unanime d’un intérêt à court terme sur
l’après-présidentielles.
Il me semble que dans les jours restant avant le 2 mai c’est cela que
nous devons avancer pour nous solidariser (et cela qu’il faut convaincre
la candidate d'annoncer plus clairement le 2 mai), dont le projet de
réforme constitutionnelle lui a fait plus d’ombre que de soleil, parce
qu’il n’est pas crédible sans un engagement déterminant de la
proportionnelle, aux yeux de ceux qu'il intéresse.
Il me semble que ce soit donc rassembleur, car de façon incontestable
d’un seul et même intérêt respectif, quels que soient les idées, les
engagements, et les idéaux.
Voici le lien sur le papier que je viens d’envoyer :
http://bellaciao.org/fr/article.php...
<http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47370>
Louise
Alors, le comble, l'appel de Bricmont à voter contre Sarkozy !!! Comme
quoi : on peut avoir une vision monodisciplinaire rétrécie des sciences
quand la biologie intègre l'interdisciplinarité, et dénier l'apport
fondamental de l'essai en philosophie et en littérature, mais ne pas
manquer de se ressaisir aux branches quand l'arbre matérialiste se met à
trembler ;-)
C''est dans l'édition du 29 avril du journal en ligne "Le grand
soir.info", avec quelques citations qu'il est bon de nous remettre en
mémoire par exemple à propos du Liban, Sarkozy : " De combien de temps
l’Etat d’Israël a-t-il besoin pour terminer le travail ?"
Son texte est non seulement violent dans son engagement critique, mais
pertinent à nos yeux citoyens, donc convaincant ; notamment sur la
sacralisation du vote je suis bien d'accord, (d'ailleurs je me suis mise
au-delà en votant résolument pour Bayrou au premier tour, alors que mes
sentiments à proprement parler me portaient ailleurs), et aussi sur
l'analyse qio dégage la sinistre originalité de Sarkozy.
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Pourquoi est-il important de bloquer Sarkozy ? par Jean Bricmont
http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=4987
Beaucoup de gens de la « gauche de gauche » semblent hésiter à se
mobiliser à fond pour faire barrage à Nicolas Sarkozy, ou, à tout le
moins, à limiter les dégâts, c’est-à-dire en pratique, à voter et à
encourager à voter pour Ségolène Royal.
Je ne peux pas le prouver, mais je suis convaincu que l’immense majorité
des progressistes et des amis de la France à l’étranger, de la Russie au
Venezuela, en passant par le Moyen-Orient, sont atterrés par cette
attitude, et cela pour une raison très simple : ils ont en face d’eux,
dans leur pays, une droite qui sait ce qu’elle veut et qui veut Sarkozy.
Les gouvernements américains et israéliens veulent Sarkozy. Bien sûr,
ils s’accommoderont de Ségolène Royal, mais, si elle gagne, ce ne sera
pas /leur/ victoire. La victoire de Sarkozy sera une nouvelle révolution
« colorée », après la Serbie, le Liban, l’Ukraine, une victoire obtenue
par une manipulation médiatique massive-sur les thèmes de l’insécurité
et du déclin. *(*Sarkozy - Liban : "De combien de temps l’Etat d’Israël
a-t-il besoin pour terminer le travail ?"
<http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=3896> )
Il y a trois facteurs qui empêchent la mobilisation contre Sarkozy : une
sous-estimation de la dimension symbolique des luttes, une vision
essentialiste des partis politiques et une attitude quasi-religieuse
vis-à-vis du vote. Commençons par le premier point, qui est le plus
important et le plus long à discuter.
En gros, on peut dire que la gauche, lorsqu’elle n’a pas de projet
politique autonome, et elle n’en n’a plus depuis le tournant de la
rigueur sous Mitterrand en 1983, fait la même politique que la droite,
mais en traînant les pieds et avec moins d’éclat. L’inconvénient de la
gauche au pouvoir, c’est qu’elle réussit souvent mieux que la droite à
museler le mouvement social. C’est pourquoi il est souvent légitime de
dire « blanc bonnet et bonnet blanc » lors d’une confrontation
gauche-droite et de s’abstenir. Ce serait sans doute le cas si on avait
affaire à un affrontement Chirac-Royal, par exemple. Mais, bien que ce
soit impossible à prouver, il est probable que, si Gore avait été élu à
la place de Bush en 2000, des centaines de milliers d’Irakiens seraient
encore vivants, ce qui n’est pas un détail. La question du « blanc
bonnet et bonnet blanc » ou du « vote utile » dépend des circonstances,
et ne peut pas être tranchée a priori.
Ce qui caractérise Sarkozy, c’est qu’il sort du cadre habituel des
politiciens de la 5ème République, comme Le Pen si on veut, sauf qu’il
est un Le Pen éligible. Aucun politicien « normal » n’a sa vulgarité
(racaille, Karscher etc.), digne d’un Berlusconi. Aucun politicien «
normal » ne fait à ce point allégeance aux États-Unis et à Israël. Aucun
politicien « normal » ne parle de Jeanne d’Arc ou du christianisme comme
il le fait. Aucun politicien « normal » n’a fondé à ce point sa carrière
sur les médias, ainsi que sur l’exploitation des thèmes de la sécurité
et du déclin. Il faut aussi comprendre que si tant de gens de droite le
craignent et voudraient l’arrêter (de Chirac à Bayrou), c’est parce que,
contrairement à beaucoup de gens de gauche, ils le connaissent
personnellement, et qu’en termes d’ambition personnelle et de caractère,
il est aussi hors norme. On peut très bien être de droite et hésiter à
confier à Sarkozy le feu nucléaire.
Ce qui caractérise aussi Sarkozy, et c’est ici que la lutte se joue au
niveau des symboles, c’est qu’il *est l’espoir de la réaction au niveau
mondial*. Les Français, vivant dans un pays capitaliste et « mondialisé
», en réalité pas très différent des autres, ne comprennent pas toujours
bien comment la France est perçue à l’étranger. Elle y est vue comme le
seul pays européen important qui résiste à l’hégémonie culturelle et
politique américaine, qui continue à considérer l’égalité comme un
idéal, et qui est un bastion de la laïcité. Bien sûr, comme toutes les
images, celle-ci est à la fois surfaite et basée sur des réalités
historiques. Néanmoins, la victoire de Sarkozy sera vue comme la
victoire de la France de la Restauration, de Versailles et de Vichy sur
l’autre France, celle de la Révolution, de la Commune et de la
Libération, que les bourgeoisies du monde entier détestent.
Bien sûr Royal ne fera pas une « autre politique », et certainement pas
une politique progressiste. Mais c’est elle la candidate de la
continuité, et Sarkozy celui du bouleversement (réactionnaire) et c’est
bien pour éviter le pire qu’il faut voter Royal. Il faut également
situer le problème dans un cadre plus général- celui de la crise du
néo-libéralisme au niveau mondial et de l’échec du projet
néo-conservateur au Moyen-Orient. Même la banque mondiale ne défend plus
le consensus de Washington, et, en Amérique Latine, le rejet populaire
du néo-libéralisme est général. Aux États-Unis les seules questions que
l’on se pose, parmi les dirigeants, c’est comment quitter l’Irak sans
perdre trop de plumes, arrêter le déclin du dollar et stopper la crise
de l’immobilier.
Évidemment, vu que la politique néo-libérale a été verrouillée au niveau
européen par le Traité de Maastricht, aucune autre politique n’est
possible, à moins de changements bien plus radicaux que ce qu’une
élection peut produire. Mais ce qui est important, et qui donne un
certain espoir pour l’avenir, c’est que les mouvements populaires en
Amérique Latine, le mouvement altermondialiste, et les résistances au
Moyen-Orient ont provoqué une crise dans l’offensive pro-capitaliste et
pro-impérialiste commencée avec Reagan et Thatcher à la fin des années
70, et à laquelle la gauche européenne (toutes tendances confondues) n’a
jamais trouvé de réponse. En France, la droite comme la gauche ont
essentiellement suivi un mouvement réactionnaire global, mais sans
véritable enthousiasme et certainement sans en prendre l’initiative ou
la direction. En France, *le seul vrai croyant*, le seul analogue
français de Reagan, Thatcher, Blair ou Bush, c’est Sarkozy. Il serait
paradoxal, et catastrophique pour les luttes dans le reste du monde, que
le « modèle » ultra-réactionnaire qui domine le monde depuis près de
trente ans, finisse par triompher en France, au moment même où il fait
eau partout ailleurs.
Beaucoup de gens invoquent les diverses « trahisons » du parti
socialiste (guerre d’Algérie, Mitterrand, guerre du Kosovo) pour ne pas
voter Royal. Mais le parti socialiste, comme les autres partis et comme
d’ailleurs les parlements, est une « caisse d’enregistrement » qui
réagit aux mouvements idéologiques et sociaux qui se passent en dehors
de lui. Le parti socialiste a aussi participé au Front Populaire et à la
création de la sécurité sociale. Bien sûr, il ne fera rien d’aussi
progressiste aujourd’hui, parce que les circonstances ne l’y
contraignent pas, mais un vote Royal sans illusions permettrait d’éviter
le pire, surtout vis-à-vis de l’étranger, et de continuer à reconstruire
un véritable mouvement social, en dehors du PS.
Finalement, il est curieux de remarquer que ce sont souvent ceux qui
dénoncent le plus violemment les « illusions du cirque électoral », et
qui en tirent argument pour ne pas voter, qui sont en fait les
principales victimes de ces illusions. En effet, si la démocratie
représentative, combinée à la concentration des moyens d’information
entre des mains privées, est effectivement très imparfaite, c’est une
raison de plus pour ne pas sacraliser le vote et, par conséquent, pour
voter. Il ne faut pas voir le vote comme une délégation (ou abdication)
de pouvoir (comme le veut le discours dominant sur la démocratie), mais
comme une forme de lutte parmi d’autres, au même titre que signer une
pétition ou manifester. Il est parfaitement cohérent de voter pour X
demain, comme « moindre mal », et de lutter contre sa politique
après-demain.
La « gauche de gauche » doit utiliser le 1er mai pour lancer une
gigantesque mobilisation contre Sarkozy, non pas en effrayant les gens
par des discours radicaux, comme elle aime tant le faire, mais en
expliquant patiemment que sa politique non seulement ne va pas sauver la
France, mais, au contraire, va en faire le dernier pays à subir
l’expérience amère d’une thérapie de choc et d’un alignement sur
Washington qui sont peu à peu rejetés partout ailleurs.
Jean Bricmont
Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de
Louvain (Belgique).
[- Mais il vaut mille fois mieux, pour le mouvement social, qu’il ait en
face de lui des socialistes qui ne tiennent pas leurs promesses qu’un
Nicolas Sarkozy qui les tient.
<http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=4971> Jean Bricmont
<http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=4971>.]
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