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[nettime-fr] samizdat.net - Un livre sur les journee de Genes


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    Gênes - 19, 20 et 21 juillet 2001
    Multitudes en marche contre l'Empire

Les journées de Gênes de mobilisation contre la mondialisation
néo-libérale. Un récit à plusieurs voix, celui d'une histoire
en train de se faire :

    - Raconté par des dépêches, des témoignages, des appels,
      des analyses, des photos...

    - Raconté par des « Tute bianche », des syndicalistes, des
      participant(e) aux « Black Blocks », des militant(e)s d'Attac
      ou d'act Up Paris, des féministes, des associatifs, des
      communistes, des inorganisé(e), des libertaires...

Une production samizdat.net et complices
300 pages, format 15x21, illustré (noir et blanc)
      
Prix : 16 Euros en librairies (début juin)
Vendu 11 Euros par souscription, franco de port.


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NOM _______________________________________  PRENON __________________

ADRESSE ______________________________________________________________

___________________________________________  CODE POSTAL _____________

COMMANDE ______ EXEMPLAIRES AU PRIX UNITAIRE DE 11 EUROS (PORT INCLUS)

                                          TOTAL ________________ EUROS

Chèque à l'ordre de « samizdat.net » - A retourner (avant le 31/05/02)
à samizdat.net c/o CIPC 41 ter, rue Voltaire, 75011 Paris.

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    Retour de Gênes, retour sur Gênes

« Dans la capitale ligure elle-même, il existe un chant
traditionnel, polyphonique, celui des dockers qui, une fois le
labeur terminé, font trallalà, trallalà en ch¦ur dans les bars.
Gênes, des choses et d'autres, des voix et des sons. Durant les
jours du G8, avant, pendant et après la catastrophe, un gigantesque
trallalero a retenti dans toute la ville. Des centaines de milliers
de manifestants, des femmes, des hommes et des enfants, qui hurlent
tantôt de panique, tantôt de bonheur, tantôt de colère ; des forces
militaires qui cognent leurs matraques tantôt sur leurs boucliers,
tantôt sur la gueule qui passe à leur portée ; des commentaires
idiots mais énoncés doctement ; des idées de transformation avancées
à voix basse, des histoires, des prières, des chants » (1).

Du 19 au 21 juillet 2001 se réunissait à Gênes le G8, dans une
Italie qui venait tout juste de passer sous le contrôle d'une
coalition de droite, sous la direction du très controversé Silvio
Berlusconi, rassemblant aux côtés de Forza Italia (le parti du
cavagliere), les « post-fascistes » de l'Alleanza nazionale, les «
séparatistes » xénophobes de la Ligue du Nord, plus quelques restes
de la vieille Démocratie chrétienne.

Un sommet du gouvernement autoproclamé du « Monde » qui s'annonçait
aussi d'emblée comme un enjeu majeur, tant pour le pouvoir qui ­
après les contre-manifestations massives de Seattle, Pragues, Davos,
Nice, Québec ou encore Göteborg ­ doit absolument faire une
démonstration de force politique aux yeux du monde et imposer sa
suprématie ; que pour la contestation de la mondialisation
néolibérale qui ne peut que saisir cette nouvelle occasion d'être
acteur ‹ tout à fait indésirable ­ d'un processus de transformation
sociale globale que l'on tente d'imposer « par le haut ».

Mais le rendez-vous de Gênes s'annonce aussi comme bien plus que
cela. Il ne pouvait de fait que marquer, à plus d'un titre, un
tournant pour le mouvement dit « anti-globalisation », et clore
ainsi un cycle de luttes et de mobilisations initié quelques années
auparavant (1999) avec les journées de Seattle (2).

Tout d'abord parce que les sommets futurs des organismes
internationaux de pouvoir (Forum économique, Organisation mondiale
du commerce, G8, etc.) offriront probablement, de par leur
localisation, bien moins prise à des mobilisations de masse
internationales : ne parlait-on pas dès l'approche de Gênes d'un
prochain sommet du G8 dans les Rocheuses canadiennes (3) ou d'une
session de l'OMC au lointain Quatar. Ensuite, et surtout, parce que
le mouvement lui-même ­ à partir de Seattle ­ a produit des parcours
collectifs qui ne peuvent être indéfiniment reproduits de façon
mécanique : que ce soit l'effet de surprise du processus coopératif
des multitudes qui s'est vérifié à Seattle, ou encore l'agrégation
affinitaire dans l'action collective qui est apparue à Prague, aucun
de ces « modèles » ne s'est répété à Gênes où, qui plus est, le
mouvement s'est particulièrement confronté à la force brute de
la violence du pouvoir d'État.

C'est dans cet état d'esprit que nous avons pris la route pour
Gênes. Nous, c'est-à-dire des dizaines de milliers de femmes et
d'hommes, de syndicalistes, de militants associatifs, d'activistes
divers et variés, de féministes, de religieux, de « casseurs », de
pacifistes, etc. Des dizaines de milliers d'individus, venus des
quatre coins de la planète, qui ont investi dans cette sorte de
nomadisme de la contestation leurs parcours, leurs expériences,
leurs affects, leurs espérances et leur rage. Les multitudes du «
peuple de Seattle », qui s'étaient transformées au fur et à mesure
en « peuple de Prague », « peuple de Québec » ou « peuple de
Göteborg »Š et qui s'est fait « peuple de Gênes ».

C'est que nous avons voulu raconter dans ce livre. Le récit
de cette histoire en train de se faire.

Car, plus encore que des raisons purement « politiques », l'envie de
faire un livre « sur » Gênes tient surtout au fait que ceux d'entre
nous qui y ont participé d'une façon ou d'une autre ­ qui étaient
à Gênes et qui ont participé à la mobilisation avant ­ n'oublieront
jamais ces journées incroyables, et ne peuvent se retrouver dans les
interprétations médiatiques et/ou idéologiques qui, après coup,
tentent d'occuper l'espace imaginaire et subjectif.

De par le travail réalisé par les réseaux de communication
alternatifs (en particulier autour de samizdat, du réseau Indymedia
ou de Carta en Italie), qui d'autre que « nous » finalement dispose
de la « matière première » pour raconter Gênes sans autre prétention
que de donner la parole à des acteurs de ce mouvement, sans d'autre
prétention que de restituer du vécu, de la subjectivité, du désir ou
de la rage, et une diversité d'expressions politiques. Qui d'autre
pouvait envisager de livrer les sources de cet instant d'histoire
mineure à l'intelligence collective des sujets sociaux, loin de
toute reconstitution apocryphe ou mythologique (4).

« Donner corps à la polyphonie des multitudes de l'Empire », comme
nous l'avions annoncé avant Gênes (5). Car c'est bien de cela qu'il
s'agit. Parler avec dix mille voix, raconter de cent mille façons,
construire un point de vue politique riche de la diversité de nos
points de vue.

Cet ouvrage est donc d'abord un recueil de documents du mouvement et
de récits à la première personne. Des textes qui sont tout autant
les minuscules « dépêches » que nous diffusions à chaud (6), les
appels des différentes composantes du mouvement de Gênes, que les
insatiables paroles écrites de ceux d'entre nous (et d'autres, tant
d'autres) qui ont ressenti le besoin de dire dans les jours ou les
semaines qui ont suivi ce qu'ils ont vécu à Gênes. Des images aussi,
qui saisissent ces fragments instantanés infimes de ce à quoi nous
avons assisté et participé.

Peut-être faut-il, pour conclure et pour lever toute ambiguïté,
justifier aussi certains choix. Nous n'avons, bien sûr pas « tout »
publié : comme pour n'importe pour quel ouvrage, il fallait trier,
sélectionner et organiser une importante quantité de matériaux
disponibles en particulier sur les mailing lists et les sites web du
mouvement. Ces choix sont bien sûr parfaitement subjectifs. Nous
avons cela dit cherché à respecter au maximum les diverses
sensibilités qui se sont exprimées, indépendamment de nos propres
proximités ou engagements politiques personnels ou collectifs.
Répétons-le : la qualité du débat dans le mouvement nous importe
plus que les « vérités » hâtives.

C'est pourquoi aussi, loin d'esquiver le débat sur la « violence »
dont ont fait usage une partie des manifestants, ou sur les «
provocations policières », nous avons par contre écarté les prises
de positions par trop polémiques et réductrices, préférant illustrer
la diversité ­ et éventuellement les oppositions ­ de points de vue
et de logiques, et les livrer ainsi à la réflexion collective. C'est
dans cette logique que samizdat.net avait déjà, dans le feu de
l'action, accordé une certaine place aux prises de positions de
diverses composantes du « Black Block », tout comme à celles des
composantes pacifistes et non-violentes, des « Tute Bianche » ou
encore des « sorcières féministes » comme Starhawk. Polyphonies,
encoreŠ (7)

Enfin, comment conclure sans avoir une pensée pour Carlo Giuliani,
tombé sous les balles de la police de l'Empire, et aux centaines et
centaines de blessés, torturés, frappés, interpellés, emprisonnés,
pour être venu exprimer leur conviction qu'un autre monde, un monde
fait d'autres mondes, est nécessaire et possible.

samizdat.net 
Mars 2002


(1) Thomas Lemahieu, Trallalero genovese - Polyphonies génoises,
août 2001. Très beau récit à plusieurs voix, publié sur le site web
Périphéries : http://www.peripheries.net/i-genes.htm

(2) Sur Seattle voir : Starhawk, Comment nous avons bloqué l'OMC.
http://infos.samizdat.net/article.php3?id_article=72

(3) Le prochain sommet du G8 aura effectivement lieu à Kananaskis,
localitée isolée dans les Montagne Rocheuses (genre Davos en moins
accessible), près d'Ottawa au Canada.

(4) Qu'il s'agisse, par exemple, des inepties mensongères d'une
Susan Georges qui reprend le refrain complotiste sur les « casseurs
manipulés par la police », ou l'imbécillité paranoïaque d'une partie
de l'ultra-gauche parisienne qui dénonce avec hargne la « trahison
réformiste » de tous et verse dans un douteuse éloge de l'émeute.

(5) Voir notre texte : samizdat.net, Donner corps à la polyphonie
des multitudes de l'Empire, repris dans cet ouvrage.
http://hns.samizdat.net/article.php3?id_article=92

(6) Voir en particulier le web de samizdat (Hacktivist News Service
: http://hns.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=14) et le
Temporary News Engine (http://genova.samizdat.net) mis en place au
moment de Gênes.

(7) Le lecteur attentif remarquera aussi que nous n'avons pas cédé
à la tentation, contrairement à d'autre, de noyer la « leçon gênoise »
dans le trauma du 11 septembre. « Apocalypse New York » marque très
certainement un tournant dans la politique de l'Empire (le passage
à l'état de guerre permanent), mais n'oblitère en rien la nécessité
d'une évaluation du parcours collectif des multitudes de Seattle
à Gênes. Sur les évaluations du 11 septembre et de ses effets
collatéraux, voir :
http://infos.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=24

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