aris on Wed, 22 May 2002 18:50:18 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] Forum de Saint-Denis 26/5/02


Saint-Denis Forum de résistance aux violences policières
dimanche 26 mai 2002

En juin 1997, le Parti Socialiste remportait les élections législatives sur
la base d'un programme énonçant "trois priorités : l'emploi, l'éducation et
la santé". Trois semaines plus tard, Lionel Jospin annonçait pour son
gouvernement "deux priorités : "l'emploi et la sécurité".

Depuis cette surenchère sécuritaire ne s'est pas démentie, légitimant les
thèmes défendus depuis toujours par l'extrême droite, qui en bénéficie
aujourd'hui. Depuis cette surenchère sécuritaire ne s'est pas démentie,
légitimant les thèmes défendus depuis toujours par l'extrême droite, qui en
bénéficie aujourd'hui.

Des élections municipales à la campagne présidentielle, en passant par "le
contexte de l'après 11 septembre", tout est bon pour justifier la répression
:

- plan "Vigipirate renforcé",
- présence permanente des policiers dans les quartiers, y compris
dans les écoles (dans le cadre des "contrats locaux de sécurité"),
occulte
- loi "sécurité quotidienne" (dispersion des rassemblements dans les
halls d'immeubles, prison pour la fraude dans les transports en
commun...)
- incarcération massive des jeunes des quartiers - projets de
"centres fermés" et autres maison de correction"
- culpabilisation, voire criminalisation des parents de "mineurs
délinquants", accusés à tort de "démission" ou de complicité.

Cette politique sécuritaire, soutenue par une intense propagande des grands
médias, toute une série de violences sociales : chômage, précarité,
discriminations racistes...

Elle vient aussi légitimer et nourrir d'autres violences, qui s'exercent
contre la jeunesse issue des classes populaires et de l'immigration :

- contrôles au faciès, fouilles humiliantes, brutalités policières,
- sanctions disproportionnées prononcées dans les tribunaux
- violences contre les détenus...

Sans oublier la collaboration active des contrôleurs et des vigiles
de toutes sortes.

Ces violences ne datent certes pas d'hier. Mais elles se multiplient
ces derniers mois dans tout le pays, de Mantes-la-Jolie à Saint
Denis, des Mureaux à Chatenay-Malabry, de Poissy à Paris, de Lille à
Strasbourg...

Elles sont couvertes par l'administration, et bénéficient d'une
quasi-impunité judiciaire, faite de refus d'ouverture d'enquête par les
parquets, d'entérinement des conclusions des enquêtes de l'IGS, de lenteurs
aberrantes des procédures d'information judiciaire ou de non-lieux
invraisemblables. Même lorsqu'elles entraînent la mort, le traitement
judiciaire de ces violences révèle l'incapacité de la magistrature à
contrôler et sanctionner effectivement les comportements des fonctionnaires.

Par exemple, ces derniers mois :

- acquittement, au terme d'une procédure de plusieurs années, du
policier Pascal Hiblot, qui avait abattu Youssef Khaif d'une balle
dans la nuque.
- non-lieu pour la mort d'Abdelkader Bouziane, tué dans des
conditions semblables.
- réduction à huit mois avec sursis des peines des policiers
responsables de la mort d'Aissa Ihich.)

Ces décisions peuvent constituer, de fait, un permis de tuer, en laissant
penser que l'usage des armes par la police ne serait pas subordonné aux
strictes règles de la légitime défense.

Ainsi, il deviendrait normal pour certains de tirer sur une personne
refusant simplement d'obtempérer à l'ordre de stopper un véhicule. La mort
de Moussa, abattu le 2 janvier 2002, pourrait bien être l'illustration de
cette nouvelle philosophie.

En réaction à cette logique de violence, un courant de solidarité commence à
se structurer. C'est ainsi qu'est née l'idée d'organiser une journée de
rencontres. Il s'agit de permettre aux victimes, à leurs proches et à toutes
les personnes déjà mobilisées contre les violences policières de se
rencontrer, de témoigner et d'échanger des expérience, afin de se donner les
moyens juridiques et politiques de résister ensemble.

Cette initiative n'a donc pas pour seul but de réfuter, une fois de plus,
l'argumentaire sécuritaire. En effet, une posture uniquement défensive
rencontre vite ses limites, ne serait-ce que parce que nous ne disposerons
jamais des moyens médiatiques acquis aux promoteurs de la surenchère
sécuritaire. Au contraire, seule une action offensive est efficace. Il
s'agit désormais d'accuser et de rendre visibles les vrais problèmes.

Il s'agit surtout de contribuer à une plus grande visibilité des acteurs des
banlieues, qui sont l'objet de nombreux discours, mais auxquels la parole
est systématiquement refusée.

Le mouvement des sans-papiers, après bien d'autres exemples, l'a rappelé :
pour neutraliser les discours de mépris et de stigmatisation, seule est
efficace la prise de parole des personnes concernées. Il s'agit donc de
redistribuer les rôles, en laissant aux militants des banlieues,
habituellement absents, ou relégués à la place du "témoin", le rôle
d'orateurs, d'analystes et de force de proposition.

Contre

- les violences faites aux jeunes des quartiers populaires et issus
de l'immigration
- la précarité et l'insécurité sociale que vit au quotidien une
grande partie de la population

Agissons ensemble dimanche 26 mai 2002 de 10 h à 20h à la Bourse du
travail de Saint Denis 11 rue Génin - M° Porte de Paris (ligne 13)

Programme de la journée

- 10h00. Intervention de Mme Khaira Khaif, mère de Youssef
- 10h15/12h30. Outils politiques.
  Rencontre-débat avec des collectifs locaux
  Liste non-exhaustive des Collectifs présents : Chatenay-Malabry,
  Dammarie les Lys, Lyon, Nice, Paris 20ème, Roubaix, Saint Denis,
  Val Fourré, Greenwich (Royaume-Uni)S
- 12h30/13h00. Histoire des luttes : projection du film Justice pour Zamani.
- 13h00/14h00. Pause déjeuner (possibilité de manger sur place)
- 14h00/16h30. Suite du débat avec les collectifs locaux
- 16h30/18h00. Outils juridiques.
  Rencontre-débat avec des magistrats du Syndicat de la magistrature et
  des avocats du Syndicat des Avocats de France
- 18h00. Histoire des luttes. Projection du film Douce France, la
  saga du mouvement beur.

Toute la journée : bar-table de presse.

Premiers signataires : Act Up, APEIS, Association Dammarie-Melun, la Chaîne
étudiante, Decil Mantes la Jolie, Dignités, Droits Devant, Eveil, FASTI,
FLIDD, GISTI, collectif Les mots sont importants, MIB, MRAP, les
Périphériques, réseau contre la Fabrique de la haine, réseau No pasaran,
RIRE, collectif Souriez vous êtes filmés, SUD-éducation, SUD-étudiants,
Syndicat de la Magistrature...



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