Aliette Guibert-Certhoux on Mon, 21 Jan 2013 00:07:24 +0100 (CET)


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[Nettime-fr] Hommage à Andrée Putman


Qu’il était vert mon canapé ! - Pour Andrée Putman

Hommage à Andrée Putman

dimanche 20 janvier 2013, par Jim Palette


Présentation A. G. C. :

         Andrée Putman, la grande styliste post-moderne, à la fois
créatrice, productrice et éditrice de mobilier, et architecte
d’intérieur, a quitté la vie le 19 janvier 2013, dans son domicile du
VIe arrondissement, à Paris, tandis que pour lui rendre hommage la
ville s’était exceptionnellement couverte de neige. Elle avait quatre
vingt sept ans. Une grande bourgeoise critique de la société de
classe, une femme progressiste dans son travail et ses créations,
inventive, précise, charismatique et géniale aussi comme entrepreneuse
de réseaux, qu’il s’agisse de son rôle dans l’agence de Presse de la
nouvelle création Mafia, fondée par la styliste Denise Fayolle, avec
Maïmé Arnodin (Maïmé Arnodin Fayolle Internationale Associés, 1968),
ou des jeunes créateurs et des fabricants de la mode, notamment en
1971, avec Didier Grumbach [1], pour la fondation des « Créateurs &
Industriels ». Cultivée dans de nombreux domaines notamment dans
l’histoire du design populaire français (mais bien sûr plus largement
que concernant l’hexagone), et reprenant une idée du décorateur et
designer de mobilier Francis Jourdain [2], qui avait créé en 1919, à
Paris, la première boutique de mobilier à bon marché (un mobilier
modulaire), elle est des trois pionnières de l’entrée du design pour
tous avec les nouveaux produits du mobilier modulable, comme des
vêtements coordonnés, dans les magasins de masse Prisunic, au début
des années 1960 [3], avant même que Terence Conran ait créé Habitat à
Londres, en 1964 [4]. Après, qu’elle fut avant-gardiste : c’est
certain, et snobbe pourquoi pas vu son perfectionnisme et dans la
mesure où elle créait pour tous et pour quelques uns, personne
n’aurait pu le lui reprocher. Sa grandeur, son implacable lucidité,
dont c’était aussi un bouclier. Toujours perchée sur de hauts talons
fins, armée d’un fume-cigarette — du moins encore lorsque j’eus la
chance de la rencontrer pour la seule et unique fois directement, au
cours d’un dîner chez Christiane Bailly et Antoine Stinco, avec
d’autres amis non moins honorables, il y a une dizaine d’années — ou
un peu plus ?)... A. G. C.

- - - -

La suite. :

==> Qu'il était vert mon canapé <==

par Jim Palette


Pour Andrée Putman,

L’article qu’elle avait aimé et dont elle reparlait toujours avec
drôlerie à ses amis, disant : « Un journaliste de Libé, je me
demandais vraiment pourquoi !? »
Jim Palette


Libération, 24 janvier 1983

En cent intérieurs photographiés par Jacques Dirand, une promenade
dans le Style Français

[ ... ]

http://www.criticalsecret.net/qu-il-etait-vert-mon-canape-pour-andree-putman,092.html

- - - -  -



Notes

[1] Didier Grumbach, critique, historien et homme d’affaires, engagé
dans le développement économique et novateur de la mode, créa avec
Andrée Putman le réseau des « Créateurs & Industriels », d’où
émergèrent un artiste de la mode ironique et passionnant de la trempe
durable de Jean-Charles de Castelbajac, et d’autres fameux stylistes.
Ici, on ne pourrait oublier de citer l’attachée de Presse Leila
Gicquel, synchrone avec ces mouvements de transformation de la
production du cadre de vie, intégrés par l’ultime esthétique de la
modernité sociale ; seconde révolution industrielle de la marchandise
(non la société du spectacle ni celle du signe, il s’agissait bien
d’économie de la production des arts décoratifs en amont de la
marchandise, même si La société du spectacle (Debord, 1967-71) et Le
système des objets (Baudrillard, 1968) purent en surgir sans délai
après Système de la mode (Barthes, 1967) ; elle-même anti-colonialiste
et anti-impérialiste engagée, elle commença par se signaler à travers
son travail pour les femmes dans le journal ELLE, dès les années 1950.

[2] Francis Jourdain, écrivain et artiste appliqué de l’art nouveau
est d’abord fameux pour sa décoration de la villa Majorelle à Nancy ;
ami des nabis, il opte sans délai pour le dépouillement moderne ;
membre du groupe de Carnetin avec Léon-Paul Fargue et Charles-Louis
Philippe, du vivant de ce dernier, il devient ensuite l’un des
co-fondateurs du parti communiste français, après avoir été à
l’origine de la première organisation syndicale des artistes, l’UAM
(l’union des artistes modernes), ralliant des créateurs comme
l’architecte Mallet Stevens et la designer Charlotte Perriand.

[3] Le premier chemin de création, progressiste, d’Andrée Putman dans
le domaine du mobilier à l’égide sociale de Francis Jourdain, est
parallèle (quoique respectivement et singulièrement) avec celui de sa
jumelle en création et amie Christiane Bailly, styliste de la mode qui
révolutionna le domaine du vêtement en Europe, inspirée par la
couturière des années 1930, Madeleine Vionnet. Christiane Bailly
inventa le style français rapporté au prêt-à-porter pour tous, de
réputation internationale, en accomplissant durant les années 1950 et
1960 une transformation technique et économique de la fabrication des
vêtements féminins favorisant leur production industrielle : la
suppression du carcan et le coût des doublures permit de réaliser le
port souple du vêtement synchrone avec le corps, dans une visée du
confort et de la fonctionnalité vestimentaires selon le génie de la
rue (et rendu à la rue par l’accessibilité des prix). Elle fit des
émules à la fin des années 60, à l’étranger comme en France, et la
vogue du style « boutique » porta un coup fatal à la Haute Couture.
C’est Yves Saint Laurent qui ressaisit le prêt à porter de luxe comme
un nouveau département de la Haute Couture, notamment avec la création
de ses tailleurs coordonnés noirs, veste jupe et pantalon, devenant en
quelque sorte les uniformes des femmes exécutives dans les Cities.

[4] Terence Conran créa le magasin Habitat avec l’idée de quelques
créations personnelles portées par la reproduction industrielle de
l’ancien mobilier pliable et fonctionnel de qualité des architectes
modernes, avec une sélection des objets de l’environnement quotidien
moderne devenus traditionnels, pour harmoniser le nouveau cadre du
mode d’habiter.






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