[nettime-fr] potentiel esthétique IPv6

[clemos <cl3mos@gmail.com>]

Bonjour

 2008/4/8 Olivier Auber <olivier.auber@km2.net>:


> clemos a écrit :
 >
 >
 > > bonjour
 > >
 > > 2008/4/6 Olivier Auber <olivier.auber@km2.net>:
 > >
 > >
 > >
 > > >  Il y a donc en germe dans IPv6 une toute nouvelle culture du réseau,
 > voire
 > > > le changement de paradigme qui pourrait remettre les compteurs à zéro.
 > *Ipv6
 > > > peut contribuer à créer enfin un véritable espace public sur l'Internet,
 > à
 > > > condition que cette idée soit défendue.*
 > > >
 > > >  Ce changement, nous l'analysons comme le passage d'un réseau
 > fonctionnant
 > > > suivant une forme de « perspective temporelle » admettant comme point de
 > > > fuite les serveurs assurant la commutation des groupes, à un autre où
 > > > s'exercerait une « perspective numérique » régulée par des « codes de
 > fuite
 > > > » que sont les adresses IP de groupe. Cette transformations extrêmement
 > > > profondes pourraient conduire l'actuelle "économie de l'attention" a
 > muter
 > > > en une "économie du lien" impliquant de tout autres rapports sociaux.
 > Elle
 > > > induit au passage un renouveau complet des formes de légitimité des
 > > > structures présidant aux destinées du réseau. Dans un esprit plus proche
 > de
 > > > la « seconde cybernétique, ces organismes devront s'inclure eux-mêmes
 > dans
 > > > le système auquel elles président, et donc devenir acentrées, comme lui.
 > »
 > > >
 > > >
 > >
 > > C'est tout à fait le genre de sornettes qu'on pouvait lire au début
 > > d'internet, puis qu'on nous a reservi, justement, au sujet du web 2.0,
 > > et voilà qu'on tente un ultime rattrapage à la faveur de l'arrivée de
 > > l'IPv6.
 > >
 > >
 >  je pense qu'il y a une différence structurelle majeure dont peu ont
 > conscience pour le moment.
 >  Donc si c'est une sornette, ce n'est radicalement pas la même.

 Ce sont des sornettes.
 D'abord, parce que comme le fait remarquer SUN, cette nouveauté
 technique n'est pas la révolution que vous essayez de nous vendre;
 Ensuite parce que cette "économie du lien" dont vous semblez vous
 réjouir, on sait depuis un moment que son efficacité ultime consiste
 principalement à valider des rumeurs calomnieuses, à pérsécuter des
 récalcitrants, à dénoncer des dissidents, et à les punir. L' "économie
 du lieu", c'est précisément le "PageRank" de Google, qui rend le
 contenu le plus populaire le plus valide, et donc qui donne toujours
 raison à la masse contre l'individu.
 L'avenement d'IPv6 ne laisse présager aucune "forme de légitimité
 nouvelle", et ne contredit en rien le principe du Web2.0, dans la
 mesure ou chacun peut d'ores et deja construire son propre site web
 2.0 (qui émettra ET recevra depuis un serveur perso).
 C'est plutôt à moi de te retourner la question: quelle autre forme de
 "légitimité" envisagez vous en alternative au plébiscite consensuel
 qui prévaut aujourd'hui sur tout l'internet ? Et pourquoi cette
 possible "forme de légitimité" n'a t elle pas surgit avant ?


 > > Ce que tu décris me fait plutôt froid dans le dos qu'autre chose, vu
 > > le gout unanime des prétendus individus qui arpentent le web pour la
 > > surveillance, la dénonciation, la poursuite et la délation tous
 > > azimuts...
 > > Ce que vous décrivez n'est ni plus ni moins qu'un dépassement, un
 > > super Web 2.0 (un web 3.0), qui s'affranchit de certaines contraintes
 > > (économiques, contrôle par certaines sociétés, impliquant censures
 > > éventuelles, violation de vie privée...) pour mieux réaliser son
 > > objectif ultime - transparence totale, omniscience et omniprésence -
 > > qui n'a vraiment rien de bien réjouissant à mes yeux, malgré la
 > > "libération" qu'elle tente tant bien que mal de représenter.
 > > Et quand je dis qu'il "s'affranchit", je ne doute pas non plus que de
 > > nouvelles stratégies soient déjà en cours d'élaboration pour rendre
 > > cette petite "révolution" aussi indolore que possible pour tous ceux
 > > qui profitent déjà de l'ignorance des bons citoyens du web.
 > >
 > >
 >  Que ceux qui tirent déjà les ficelles imaginent déjà des stratégies pour
 > que cela leur profite, sans doute, c'est pourquoi j'ai écrit: "un véritable
 > espace public sur l'Internet, à condition que cette idée soit défendue", et
 > il est fort possible que ce soit au prix de beaucoup de remises en question,
 > de larmes et de sueur, comme toutes les conquêtes sociales.

 L' "espace public" si singulier dont tu parles reste toujours un
 réseau d'ordinateurs inter-connectés, c a d d'espaces privés... A
 moins que l'ordinateur individuel ne soit devenu une protubérance de
 l'individu, ce qui serait une remise en cause de son intégrité
 d'individu.
 Je doute qu'on puisse prôner l'anéantissement prochain des frontières
 entre espaces publics et espaces privés comme une "conquète sociale",
 vu le déchainement de la surveillance de chacun sur chacun qui
 s'ensuivra.
 Je ne doute cependant pas que plus de cette pseudo-liberté sera
 prochainement offerte aux pseudo-individus, et que comme la plupart
 des autres pseudo-libertés qu'on lui accorde "au prix de larmes et de
 sueur", elle ne servira qu'à le contrôler encore davantage, en faire
 un approbateur toujours plus efficace et dévoué, dans la mesure où il
 ne se sera toujours pas, lui, "remis en question", dans la mesure ou
 la responsabilité de son asservissement volontaire est toujours imputé
 à un Mal qui lui est étranger ("ceux qui tirent les ficelles"!!)...
 D'autre part, je pense qu'aucune "conquête sociale" ne contient, en
 elle même, quelque "potentiel esthétique" que ce soit, à part à
 considérer que l'Art ait fusionné avec le Bien, ce qui constituerait,
 là aussi, un effondrement esthétique terrible bien qu'assez peu
 surprenant.

 >  Quelle alternative proposes-tu?

 Aucune. Mais je n'entends néanmoins pas applaudir l'avènement aussi
 inexorable que funeste de la servitude volontaire camouflée en
 "liberté individuelle", ni me réjouir qu'on donne davantage de pouvoir
 de nuisance à des "individus" qui en ont déja tant à leur disposition.

 +++++
 Clément

 >  Olivier Auber
 >
 >

 
 
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